_Pérégrinations de Christophe Verna, alias Hector Narphivès_

_ Né le 24/06/1948 à Paris 1er, parfaitement rétif à l'éducation nationale et autres répressions infligées gratuitement à un péquin qui ne demandait rien à personne.

_ Nous déménageâmes à Épinay/seine une douzaine d'années plus tard ; j'exerçais divers métiers :

_ Apprenti en sérigraphie chez mon oncle Robert quelques temps.

_ Magasinier chez Ford à Gennevilliers.

J'achète à Paris, une 250 BSA de 1966 couchée sur un tas de charbon, 100 francs, je la pousse jusqu'à la Gare du Nord, la monte dans le train et la ramène chez moi toujours en poussant, je la retape, elle avait la particularité de posséder un allumage par Delco:

Plus tard, j'achète une 650 BSA, 500 francs car, la boîte est flinguée, il ne restait plus que les 1ère et 4ème vitesses.

 

Par bonheur, les composants  de la boîte à vitesses des deux motos sont les mêmes, je sacrifie la 250 cc au profit de la 650 cc (35cv à 5750 tr/mn), moto très brutale.

Voir une vidéo : https://www.youtube  et docs ici : classic-british-motorcycles 

 Un beau jour, je suis sur le point de partir de la maison, ma mère m'appelle et me dit "tu pars demain à l'armée",  stupéfait, je la regarde, elle me dit "je n'ai pas voulu te gâcher tes derniers jours...", je vois dans ses yeux le dilemme qu'elle avait affronté, après deux secondes de réflexion, je lui réponds : "t'as bien fait !!!!".

Je passe 16 mois d'armée d'un profond ennui dans les transmissions à Montargis, j'en ressors à moitié abruti, mémoire atrophiée.

J'achète une 202 Peugeot 100 francs.

Mon père me trouve un boulot d'assistant photographe de mode, je fais quelques photos sympas dont un autoportrait dont je ne suis pas mécontent, (le chien, intrigué par le bruit du retardateur mécanique, regarde l'appareil).

Mon patron, un peu ruiné, embauche un deuxième assistant dont la mère fourni du boulot sous réserve que je sois viré, l'enfoiré n'hésite pas et me donne congé, je plie mes gaules et ripe les galoches sans saluer cette aimable compagnie....

Après un passage au monastère de la Pierre qui vire pour décompresser (j'y travaille le matin pour payer mon hébergement), je louche une carte de France et décide d'aller visiter La Rochelle qui est le plus court chemin vers la mer.

Arrivé au petit matin à sec d'essence et sans un radis, je vais à la mairie pour m'informer des opportunités de couchage et boulot.

La maison des scouts accueille, durant les mois creux, les démunis moyennant une somme symbolique.

Question travail, deux options : poser des bordures de trottoir et chez Truchetet et Tansini , société de travaux publics qui construit la nouvelle digue, j'y entre à la pelle et à la pioche, puis passe rapidement grutier après que le conducteur de l'engin de jour me montre les manettes, j'opèrerai de nuit, ma paie horaire passe instantanément de 2,80 à 2,90 francs de l'heure, c'est Byzance....

   _Ci-dessous, une image glanée sur le Net,  on entrevoit la grue rouge sur laquelle je travaillais, la pelle mécanique de droite, installée sur une barge flottante raclait le fond de l'eau et en retirait les anciennes fondations de la digue que Richelieu avait fait construire pour bloquer la ville de La Rochelle, la vase, filtrée par une grille, était évacuée par une énorme pompe mue par un gigantesque moteur Caterpillar de 16 cylindres. 

Les petites pierres, glissant sur la grille inclinée, étaient rejetées à l'eau, les grosses, recyclées.

Mon boulot consiste à mettre en place d'énormes blocs de granit (noirs sur la photo) destinés à briser les vagues, des barres métalliques étaient installées de façon à respecter l'inclinaison et l'alignement de ceux-ci, quand une pointe de rocher dépassait, il fallait la casser à la masse...

Un jour, avisant une boutique de photographe, j'entre et discute avec le patron, vieux beau aux cheveux teints aile de corbeau qui vit avec une jeunette, les deux super sympas, on discute entre collègues.

Quelques jours après, il me dit qu'un de ses copains possède un ancien thonier à voile de type Dundee, échoué sur la cale sèche car la coque fuit comme une passoire, son problème est le suivant : il a eut l'autorisation d'occuper l'emplacement lors d'une grande marée, le temps de faire des réparations, moyennant qu'il en reparte à la prochaine grande marée.

On se rencontre, nous tombons d'accord sur 400.000 francs payables à crédit.

J'emménage sur le rafiot, qui comporte une gazinière et un frigo à gaz.

J'ai vite fait de me faire des copains qui connaissent le "Pas sans peine", j'apprends que tout son calfatage est pourri.  

Je vais acheter de l'étoupe à la boutique idoine, on me prête des outils, dont une sorte de burin élargi dont l'extrêmité, évasée, est en arc de cercle.

La technique est la suivante : vous retirez une ligne de calfat pourri sur toute la longueur du bateau, puis vous faite une torsade d'étoupe en calculant  son épaisseur pour qu'elle entre en force, et qu'ainsi, elle fasse un joint étanche entre deux bordées, une fois le bateau à l'eau, les bordées en bois gonflent, ainsi que le calfat, la coque s'étanche au fil des jours à la façon d'un tonneau.

Je passe tout l'été de mon temps libre à cet ouvrage.

_Ci dessous, ma 202 devant le "Pas sans peine"_

 

 

Un collègue de mon copain photographe, qui possède un petit bateau à moteur près de l'emplacement à quai du "Pas sans peine", (il en retape un autre qui est visible à gauche de la photo) me propose de ramener mon bateau au port à la prochaine grande marée, je ne me fais pas prier.....

Arrive le grand jour...Il me faut rester sur la cale pour libérer l'amarre que j'ai installée les jours précédents.

La mer monte, le bateau commence à talonner, mon remorqueur met les gaz, je dénoue l'amarre, après quelques hésitations, le "Pas sans peine" commence à prendre le large.

Je grimpe sur le bateau par l'amarre et vais aussitôt voir si mon calfatage est étanche. Kattttastrofffennn!!!!!, de grandes giclées d'eau de mer rentrent dans la cale, dont une grande partie était bétonnée pour recevoir le poisson pêché, ce qui n'allégeait pas le bateau.

Une pompe de cale au look de pompe de puits à main qu'il faut amorcer avec un seau d'eau versé dans sa partie haute, assez efficace, est installée sur le pont ; je pompe comme un forcené et évacue ainsi des centaines de litres d'eau.

Vers 5 heures du matin, je m'écroule et roupille à même le pont, je me réveille une heure 1/2 après, vide une grande partie de la cale.

Inquiet, bien qu'ayant remarqué qu'à partir d'une certaine profondeur, la jauge du bateau se stabilise un peu, je pars au boulot.

Je demande l'autorise de partir avant midi pour prendre des nouvelles de mon rafiot ; il n'est pas trop enfoncé, à peu près 1 mètre d'eau dans la cale, 3/4 d'heure après, la pompe se désamorce, faute d'eau à évacuer.

Plus tard, une dizaine de coups de pompe par semaine suffiront à assécher la cale.

_Autoportrait avec retardateur, appareil photo posé sur une bite d'amarrage_

 

L'automne bien avancé, il apparaît évident que mon avenir n'est pas ici.

Avec son accord, je laisse le bateau à son ancien propriétaire en meilleur état que je ne l'avais pris, ainsi que l'argent versé pour l'achat, ce qui, vu ma paie, n'allait pas bien loin, je complète le niveau d'huile de mon carrosse issu des chaînes de la maison Peugeot et rentre à Épinay/Seine...

J'exerce divers petits boulots, laveur de carreaux, marchand de "parures" au portes à portes, démontage de voitures chez un casseur.

Je reprends un garage abandonné au fond d'une cour près de la place Foch à Enghien-les-Bains, au bout de quelques mois, je lâche l'affaire ne pouvant plus payer le loyer.

Pour rembourser mes dettes, je travaille comme grouillot à la STSI, société de transports spéciaux internationaux (genre transformateurs de 300 tonnes).

Une accessoiriste de mode, connue lors de mon passage dans la photographie, pour qui je bosse au black de temps à autres, fait appel à moi pour aller chercher du matériel de déco, elle me paie 1000 francs la journée, ce qui est énorme.

C'est avec ce pactole que je vais boire un coup avec les copains au bistrot de ma cité, l'An 2000", l'un d'eux, me dit avoir travaillé avec un marchand de patates venant de Normandie, le père le Normand (qui s'appelait réellement "le Normand") et que ça rapporte "un max de tunes", l'affaire m'intéresse, pour le camion, avec les 1000 francs, je m'en sortirais, mais que je n'aurai pas de quoi acheter les patates.

L'un des comboires, qui travaille à ma banque dans le même centre commercial me dit : "T'as besoin de combien"?

Je lui réponds qu'avec 1000 francs, je devrais pouvoir charger un camion.

Il me dit : "c'est pas compliqué, tu me fais un chèque de 1000 francs, je te donne du liquide, je garde le chèque sous le coude, et quand tu peux, tu verses les 1000 francs sur ton compte, tu m'avertis et moi, je mets le chèque à l'encaissement."

Il ne fut pas compliqué de trouver un tube Citroën, le lendemain, nous allions, le copain et d'autres, charger une tonne de pommes de terre.

Trois jours après, j'avais remboursé les 1000 francs, j'avais un fond de roulement du triple, s'en suivi une époque faste de plusieurs années pendant laquelle je gagnais plus de 10.000 francs par mois.

J'achète cash ma nouvelle moto, neuve (richesse oblige...), une 250 cc Honda :

 

Un soir, avec l'un de mes chineur, "Gogote", nous allons manger un pan bagnat à St Michel, au retour, je franchis le pont de la Concorde en direction de l'obélisque, deux voitures attendaient que je passe pour tourner en direction des quais de Seine, un abruti contourne les deux voitures par la droite, tourne à gauche vers les quais et nous fauche ; moi, un fémur télescopique et le pied écrasé entre le pare-chocs et la moto, Gogote, trente points de suture à la jambe gauche.

Résultat : 3 mois d'hosto à Beaujon ; même punition, 6 mois plus tard à l'hôpital St Louis.

À propos de cet épisode : je rentre sur une chaise roulante dans la chambre à plusieurs lits que l'on m'avait attribuée, une espèce de chevelu était en train de se tremper le quiqui dans un liquide contenu dans une grande éprouvette conique, le voyant, je lui demande si ça mord, on part à rigoler comme des bossus.

Je me mets en pyjama et on commence à discuter, je lui raconte mon accident, il me demande : "ça ne s'est pas passé sur le pont de la Concorde ton accident" ? Un peu surpris, je lui confirme la chose, il me dit : "tu sais qui je suis" ? Je lui réponds évidemment que non, il me répond : "je suis le témoin de ton accident"!!!!!

L'histoire est la suivante : Il roulait en compagnie de sa copine sur une moto MZ et assiste au carton, il trouve ma moto (ou ce qu'il en restait), magnifique, il s'achète la même quelques temps plus tard et part vadrouiller en Afghanistan, il choppe une vérole et c'est pour çà que je le trouve là...!!!

Depuis, je me suis juré de ne pas tuer, même mon pire ennemi, car des coïncidences pareilles (nos présences sur le lieu de l'accident, date d'hospitalisation, même hosto, même chambre) ne peut pas être prévue et faire échouer le scénario le plus élaboré....

Durant mes séjours, des petits malins s'étaient installés dans la place et il n'était plus amusant de travailler dans le secteur.

Un copain qui me laissait travailler sous sa patente moyennant le prêt d'une camionnette J7 + quelques argents en rapport au nombre de sacs vendus me dit que dans son coin (les Vosges), il y a plein de secteurs vierges à écumer, j'y pars avec un J7 et quelques chineurs qui me sont restés fidèles.

Effectivement, les chineurs y sont souvent inconnus et on travaille comme des bêtes.

Mais ces terrains ne sont pas inépuisables et au bout de quelques mois, nous décidons d'aller exercer notre art à Lyon.

Nous nous installons à Caluire et Cuire, dans un petit hôtel dont les patrons, espagnols, deviennent rapidement des amis.

Le soir, je fais la comptée dans un bistrot proche, tenu par une brute épaisse (j'avais alors deux camions et une dizaine de chineurs).

Un jour, après la récolte, Dachau (on l'appelait comme çà, car il n'était pas épais), l'un de mes chineurs d'Épinay me choppe en aparté, il me dit qu'au autre de mes chineurs d'Épinay compte s'associer avec le patron du bistrot pour acheter un camion et nous faire de la concurrence, je le remercie sans m'étendre car nous savons tous deux qu'il me rend un signalé service.

Il faut dire qu'habitués, nous manipulions les liasses de billets sans faire attention aux convoitises des autochtones.

Le lendemain, après la comptée, je demande à l'indélicat de rester car j'ai à lui parler...

Je lui dit : "J'ai comme l'impression que le gargotier veut me faire un enfant dans le dos", lui : "Ho, ce n'est pas possible....!!!!, moi : "C'est pas compliqué, s'il m'emmerde, j'achète trois sachets de cocaïne, je les colle sous les tables et je fais une dénonciation anonyme à la brigade des stups, il vont lui boucler son rade et je n'entendrais plus parler de ce connard...."

Le lendemain, l'indélicat reste, attendant que le nez de bœuf vienne me terroriser (je buvais du petit lait, sachant ce qui allait se passer...) l'enclume arrive et m'apostrophe bille en tête : "Il paraît que tu veux me faire des ennuis", moi : "Qui est-ce qui t'a dit çà ?", le bourrin : "ça ne te regarde pas", je le regarde bien dans les yeux et je lui dis : "tu ne me fais pas d'emmerdes, pourquoi je t'en ferai?", les deux abrutis ne pouvant pas se dévoiler, je joues sur du velours, quel pied, c'est vraiment le fin du fin !!!!!!

Je n'entendrais plus parler de ce génial projet.

La fin des chineurs commençait à poindre son museau et ça ne m'amusait plus.

Je touchais un pactole de mon accident.

Je m'étais fait un copain artiste peintre d'une trentaine d'année qui avait eut son heure de gloire, il devait émigrer en Dordogne pour travailler avec un fabricant de papier, lui, n'ayant pas le permis, je lui propose de conduire le gros Mercedes à caisse carrée qu'il compte louer pour déménager toutes ses affaires.

Nous allons louer le véhicule et le transbordement commence.

Le camion à moitié plein, je lui dis qu'il y a un problème, car il reste à peu près, en volume, trois fois ce que nous avons chargé, il me répond qu'il n'a pas l'argent pour en louer un autre.

Après vérification que la chose peut se faire sur notre engin, je lui dis que l'on va débrancher les compteurs des camions et qu'ainsi, n'ayant pas de kilométrage à payer, l'affaire ne lui coûtera pas plus cher que la location d'un seul.

Banco, nous voilà partis en louer un deuxième et le chargement recommence, un photographe de nos amis conduira le deuxième camion.

Nous partons aussitôt les affaires chargées, nous nous appuyons les 470 bornes en passant par le Massif Central, malgré qu'il fasse encore nuit, nous trouvons assez facilement le château du Mont d'Onel dans lequel il a loué plusieurs pièces pour installer un atelier et sa famille, je m'écroule dans un fauteuil du hall d'entrée emmitouflé dans loden très chaud, je me réveille le matin, cassé en deux.

Ce n'est pas le moment de mollir, il faut monter tout le bazar au premier étage.

En fin d'après-midi, notre ami nous dit que les réjouissances ne sont pas terminées, il faut que nous allions chercher 2 brasses de bois de chauffage (8 m3) car il n'aura plus de moyen de transport après notre départ.... et allons-y jeunesse, roulez, petit bolides.....

Nous prenons les deux camions, en chemin, le photographe s'arrête, je vais m'informer de cet arrêt quelque peu intempestif, il me dit qu'il n'a plus d'embrayage....

L'affaire commence à sentir le roussi!!!!

Me glissant sous l'avant du camion, je trouve rapidement la panne, une plaque qui porte le démarreur et le récepteur d'embrayage s'est détachée, tous les boulons qui la tenaient se sont envolés, si bien que nous nous trouvons en rase campagne avec des camions aux câbles de compteurs débranchés dont l'un n'a plus ni embrayage ni démarreur...

Nous n'avons pour tout outil qu'un minuscule canif appartenant à l'immortaliseur.

Je regarde autour de moi, il n'y a que des champs clôturés, voilà la solution.

Je me mets à tortiller un fil de fer de la clôture pour en couper un bout, cela fait j'invite les autres à faire de même, de façon à disposer de plusieurs raccommodoirs.

De dessous, je relève le bloc et remet le nez du démarreur dans son logement, je demande au photographe de le tenir en place et dans le trou qui recevait un boulon, je passe mon fil de fer que je tortille le plus serré possible. Je fais itou avec les autres trous et les morceaux de fil de fer que me procurent les copains, le moteur du camion repart au premier coup de démarreur, l’embrayage refonctionne parfaitement.

Nous arrivons aux piles de bois de chauffage, on commence à charger, ce qui nous prend un temps infini.

J'invente une façon originale de charger : je mets le camion en travers de la route, le cul à deux mètres du tas de bois, j'imite un roulement de tambour et dis aux copains qui ouvrent des yeux ronds : « je vais vous montrer le chargement Karaté ».

Dos au camion, je prends un rondin par le bout et le tire derrière moi rapidement, il file directement dans le camion sans autre manipulation. Quand on fait çà alternativement des deux mains, on peut dire que ça dépote...!!!!

Nous relayant avec cette méthode, le bois est chargé en un tour de main, on décharge dans la cour du château à côté d'une petite remise qui avait été attribuée à cet effet au copain. Il se démerdera pour se le rentrer...

Parce que ce n'est pas tout, il faut rendre les camions le lendemain matin avant 10 heures.

Casse-croûte rapide, dormir un peu, salut tout l'monde, on retourne au charbon, départ dans la nuit vers Lyon.

À moitié chemin, le copain photographe s'arrête et me fait des appels de phares, je vais voir de quoi il retourne, mon rafistolage n'a pas tenu, et ce couillon a encore arrêté le moteur.....

Quel misère d'être secondé par un pareil boulet!!!!!

Je lui dis qu'il faut qu'on trouve une corde, nous arpentons les rues désertes et je trouve mon bonheur : une échelle coulissante de charpentier avec une poulie, fixée en haut, dans laquelle passe une magnifique corde qui permet de faire monter la partie étroite de l'échelle en tirant sur la corde.

J'emprunte le couteau du copain et prend une bonne partie de cette corde providentielle en m'excusant par pensée auprès de l'artisan braqué.

J'attache la corde au pare-chocs avant du camion du copain qui approche le mien, à 2 mètres, je lui dit d'arrêter, j'attache la corde au crochet arrière du mien et j'explique la manœuvre :

_"Nous allons arriver au bas d'une partie de route montante, tu vas prendre mon camion et moi le tien, tu me remorques tranquilos, une fois la partie montante passée, on attaquera la descente, là, tu mets la gomme et tu ne stoppes sous aucun prétexte, moi, une fois que l'élan sera pris, je vais passer en force la quatrième vitesse, une fois que mon moteur aura démarré tu continues à accélérer, je freinerai et la corde cassera, désolidarisant ainsi les deux camions", ainsi nous faisons.....

Arrivé à la descente, mon compère exécute à la perfection le scénario en accélérant à fond.

Avant d'avoir pris trop de vitesse, je m'arc-boute et passe en force la quatrième vitesse qui grince comme pas possible avant de s'enclencher, les pneus patinent quelques secondes puis le moteur se met en marche.

Je freine doucement, mais cette corde est plus solide que prévu et je ne peux pas m'arrêter, n'ayant ni embrayage ni démarreur.

Je relâche un peu les freins, nous prenons un peu d'élan et je freine beaucoup plus sec, clac, la corde a cassé, ouf, une bonne chose de faite...

À l'armée, j'avais conduit des Jeep et GMC et appris à passer les vitesse en faisant un double débrayage qui aligne les pignons de boîte à vitesse pour en changer (indispensable sur la 202), je roulais ainsi pendant un certain temps quand, dans une côte, je vois le copain freiner, le vouant aux gémonies, je m'arrête derrière lui sans couper le moteur, je descend pour m'informer : barrage de gendarmerie, "papiers s'il vous plaît", les gendarmes sont visiblement ronds comme des queues de pelles, je monte dans le camion du copain qui était initialement le mien, sors les papiers, pas de problème ; quand le copain me tire un peu en arrière pour m'informer qu'il a oublié les papiers de son camion en Dordogne, mais c'est pas vrai !!!!!, c'est plus un boulet que je trimbale, c'est un dépôt de munitions !!!!!!!!, je lui dis "je vais tenter un tour de passe-passe"... je fais semblant de fouiller le deuxième camion et en ressort avec les papiers du premier.

Les gendarmes, sérieux comme des papes, vérifient à nouveau les mêmes papiers et la plaque d'immatriculation du premier camion et nous disent "c'est bon, allez-y"

Restait le problème de redémarrer en côte sans embrayage ni démarreur.

Derrière le deuxième camion, il y avait un chemin assez large sur la droite.

Je relâche le frein à main du camion et le laisse descendre en marche arrière en appuyant légèrement sur les freins pour m'éclairer, une fois passé une partie de la largeur du chemin transversal, je braque à fond pour entrer dedans en marche arrière par mon élan, le camion s'arrête et repart doucement dans l'autre sens, c'est-à-dire, en marche avant, je te m'emmanche la seconde d'un coup sec, la vitesse s'enclenche, et je repasse devant les gendarmes éberlués à fond de seconde, je ne changerai de vitesse que la côte passée.

Avant Lyon, je rebranche les câbles de compteurs.

Nous arrivons à Lyon tôt le matin, je dis au copain de passer derrière moi et de me pousser quand les feux passent au vert, une fois un peu d'élan pris, je passe la première, le reste n'est que routine.

Ça ne se passe pas trop mal jusqu'à ce que, les câbles du démarreur touchant la carrosserie, des court-cuits produisent des courts-circuits inquiétants, heureusement, la batterie se vide assez vite.

Nous arrivons chez le loueur sans plus d'ennuis (je crois qu'on en a épuisé tout le quota possible en deux jours), nous promettons que les papiers manquants leurs parviendront rapidement, je palpe le reliquat de la caution et nous allons prendre un repos que j'estime bien gagné....

Le lendemain, nous nous retrouverons pour dilapider la caution restituée dans un bouchon sympa. C'est ce que j'appelle une affaire rondement menée.

La Dordogne m'ayant plu pour le peu que j'en avais vu, je retournais voir les copains, louais une chambre au château et prenais un peu de bon temps.

Quelques temps plus tard les châtelains (des gens vraiment charmants) me louent une petite maison (300 francs par mois) au bas du château, elle a une grande cheminée, l'évier, en pierre, est enchâssé dans l'épaisseur du mur, le trou d'évacuation donne directement à l'extérieur.

Ci-dessous, la seule photo de cette maison dont je dispose, petit déjeuner avec la Mama. Sous la table, on entrevoit mon chien Athos.

J'achète un barnum, des surplus américains que j'essaie de vendre aux alentours, sans grand succès.

Au fil des jours, les finances baissant à vue d'œil, je me lance dans une autre entreprise qui me conduira à traverser le Sahara durant 8 ans, le récit de quelques-unes de ces descentes et des illustrations sont consultables en cliquant sur l'image ci-dessous :

yovo.jpg

Le bon temps de cette période où tout était simple s'achevant, me vient une autre opportunité que je ne me prive pas de saisir.

J'avais toujours fabriqué, démonté (ou cassé) des objets en les autopsiant, c'est la raison pour laquelle, n'ayant jamais fait d'études de mécanique, réparer des voitures ou autres machines ne m'a jamais posé beaucoup de problème.

Entre deux descentes africaines, ma copine m'hébergeait à Bordeaux, disposant d'un peu de place et de quelques outils, je commençais la fabrication d'automates (ne pas confondre avec des poupées animées de vitrines), je fais la connaissance du marchand d'outillage, nous devenons copains.

Un jour, devant déménager son commerce pour s'agrandir, il me propose de reprendre sa boutique, je lui oppose que je n'ai pas un fifrelin, il me répond que ce n'est pas un problème car, si nous signons un bail commercial, son banquier m'ouvrira un crédit de 40.000 francs.

Ce n'est pas le genre de proposition qu'un honnête homme puisse refuser.

Quelques temps plus tard me voilà débarrassant l'endroit de tout ce qui gênait pour le transformer en restaurant.

L'endroit se trouvant en face de la patinoire de Mériadeck où il s'y déroule des concerts assez régulièrement, je coupe la vitrine afin d'obtenir une ouverture pour servir les clients de l'extérieur, je fais les ventes sur place de matériels de restaurants ayant fermé la porte, enfin je me débrouille et trois mois plus tard j'ouvre mon "bouclard" comme on dit à Bordeaux, je l'appelais "le Vistamboir" en souvenir de mon grand-père qui, lorsque je lui posais une question concernant un objet dont il ne connaissait pas l'utilité (ce qui n'arrivait pas souvent) me répondait "c'est un vistamboir", trouvant le nom plaisant, je l'ai adopté.

J'en peins les lettres à main levée après avoir ripoliné la devanture (initialement orange) à mon goût.

 

J'exerçais le métier de petit restaurateur 8 années durant ; à peu près installé, je louais un petit espace à Caudéran dans lequel je fabriquais des automates l'après-midi.

Le métier devenant lassant, je vendais convenablement le restaurant.

Le propriétaire du lieu que je louais pour faire des automates, restaurateur itou, étant sur le point de fondre les plombs, me demande de lui rendre le bail qui bloquait la vente du coin de rue qu'il possédait, je me mets en quête d'un nouveau lieu, mais je ne trouve que des loyers exorbitants....

L'un de mes anciens clients qui vivait sur un bateau aux bassins à flots de Bordeaux passe me voir un jour pour que je l'aide, car un câble passant par l'intérieur de son mât d'aluminium lui avait échappé et il avait la trouille de grimper pour le remettre en place, je lui rends ce petit service.

En partant, j'avise une bâtisse moche, abandonnée, qui, avec un peu de boulot, me ferait un atelier tout à fait convenable, le copain me dit de me renseigner auprès du port autonome de Bordeaux.

Je fais çà, il, m'est répondu que ce gourbi est loué 8000 francs par mois, la personne enchaîne en disant que c'est une curieuse coïncidence, car le syndicat des dockers de Bordeaux ne sait plus quoi faire de l'ancienne Capitainerie du port de Bordeaux, je demande s'il me serait possible d'en faire l'acquisition, ils me répondent de me renseigner en m'indiquant le numéro de téléphone du bureau des manutentionnaires.

Je téléphone, prends rendez-vous et fais l'acquisition du bâtiment pour un prix très raisonnable après l'accord du port autonome, il me convient si bien que si le bon Dieu m'avait demandé de faire un vœu pour trouver un nouvel atelier, je n'aurai jamais osé demander un endroit pareil...!!!

Durant quelques mois, je réhabilite les lieux qui avait été pillés (tubes de cuivre, prises de courant, quelques portes et fenêtres manquent à l'appel, etc...).

Hors la fabrication d'automates, que je réalise sous l'anagramme de mes nom et prénom, je varie les plaisirs en créant des sculptures animées et sonores faites avec des cuivres et bronzes de récupération, actuellement, je travaille (entre 55 inventions), à des tableaux animés particuliers (après tout, il font ce qu'ils veulent...).

En 2005, le port autonome de Bordeaux, aux ordres, accorde une concession de tout le secteur à un grand groupe de construction et dans la foulée, dresse une contravention de grande voirie à mon encontre pour occupation illégale du bâtiment dont suis propriétaire, après une bagarre et colégram, j'arrache l'autorisation d'y rester jusqu'à la fin 2023 ; aujourd'ui, tout ce joli monde est en examen pour spoliation immobilière en bande organisée...

_Mon atelier (en blanc) après que je l'ai chaulé ; l'entretien en a été abandonné depuis
plus de 10 ans, trop cher pour le cessionnaire.... Inutile de vous dire ce que j'en pense...!!!_

6!6!2006.jpg

J'ai récemment déposé une marque à l'INPI, puis créé une preuve d'antériorité : https://www.youtube.com/watch?v=BWA_hN0WLJQ  concernant un concept de mise en relation entre internautes pour la vente ou échange d'objets cassés dans un but de récupération de pièces saines, il est défini à cette adresse :  http://objets.casses.free.fr/ , malgré quelques imperfections, le site est opérationnel.....

  

Et voilà......

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